Raffaele Carbone

Établissement d'origine

Federico II University of Naples - IT

Laboratoire d'accueil

Maison des Sciences sociales et des Humanités Val de Loire (MSH VdL)  / University of Tours - FR  

Hôte scientifique

Samuel Renier

PROJET 

Le scepticisme inquiétant : incertitude et désenchantement dans les sociétés européennes

Depuis quelques années, les termes « scepticisme » et « sceptique » sont redevenus à la mode pour désigner un éventail de positions allant de l’insinuation du doute (sur) à la négation et au rejet des arguments et des preuves fournis par les scientifiques, les historiens et les politologues sur des questions cruciales telles que la crise climatique, les vaccinations, les aliments génétiquement modifiés et les tensions géopolitiques actuelles. À l’inverse, dans la tradition philosophique, le sceptique est celui qui doute, qui effectue des recherches et qui observe attentivement. Notre hypothèse est qu’il est possible de repenser le scepticisme dans sa relation avec les autorités et les sources politiques et épistémologiques, à partir d’un essai de Horkheimer publié en 1938 : « Montaigne et la fonction du scepticisme ». D’un point de vue historique, le projet vise à étudier la présence d’attitudes sceptiques parmi les intellectuels en Europe occidentale après la Première Guerre mondiale et jusqu’au début des années 1950, ainsi que les réélaborations du scepticisme ancien et moderne par des philosophes dans la même période. D’un point de vue théorique, le projet développera – également grâce aux outils fournis par le pragmatisme et la phénoménologie – une réflexion sur la relation entre l’attitude sceptique et les positions politiques et explorera le lien complexe entre le scepticisme, la critique, le conformisme et le malaise social. La recherche s’orientera ainsi dans deux directions : (a) mettre en évidence les implications que le scepticisme peut avoir en termes de sentiments sociaux et d’action politique, en englobant les diverses indications fournies par des penseurs sceptiques ; (b) souligner les résultats spécifiques qu’une attitude sceptique généralisée entraîne dans des conjonctures marquées par des tensions sociales et politiques aiguës, ainsi que les diverses interprétations que peut fournir la validité « politique » du scepticisme.