
LE STUDIUM / Marie Skłodowska-Curie Research Fellowship
Établissement d'origine
University of Warsaw - Faculty "Artes Liberales"Faculty "Artes Liberales" - PL
Laboratoire d'accueil
Centre d’Études Supérieures de la Renaissance(CESR) / CNRS, Université de Tours - FR
Hôte Scientifique
Prof. Marie-Luce Demonet
Projet
La quête de la langue d'Adam et l'émergence de l'aspiration transculturelle dans la période suivant les grandes découvertes maritimes européennes
Les spéculations sur la langue d’Adam (la langue parlée au Paradis et perdue dans l’épisode de la « confusion des langages » suite à la construction sacrilège de la Tour de Babel), relèvent non seulement des origines paradisiaques de l’homme, mais aussi de l’unité essentielle de l’humanité. Cette question formait un carrefour entre la pensée chrétienne et les traditions des autres religions monothéistes. L’hypothèse de la récupération de cette langue est devenue un nexus de la pensée utopique, en progressant vers une vision de la restitution généralisée de l’harmonie entre les peuples et les choses.
La recherche se concentrera sur la période suivant les grandes découvertes maritimes, aussi bien que sur l’espoir de reconstituer la langue perdue à travers les contacts avec les peuples récemment découverts. L’analyse portera sur la relation entre le problème de la langue primordiale et la valorisation de l’activité intellectuelle au-delà des frontières culturelles : l’idée de la voie de la vérité perdue (via veritatis perdita) à retrouver grâce à la confrontation avec les étrangers. La ligne des penseurs qui est au centre de ce projet,
initiée par Ramon Llull et continuée par Guillaume Postel, João de Barros ou António Vieira, exemplifie la nécessité de la dimension transculturelle et transreligieuse de l’activité intellectuelle.
L’hypothèse centrale à prouver est l’émergence, déjà dans la période étudiée, de l’aspiration transculturelle, c’est-à-dire du désir de transgresser les frontières de la culture en quête de la plénitude intellectuelle et spirituelle. Cette étude établit une connexion entre l’histoire des idées et le domaine de la réflexion sur la transculturalité, associée d’habitude aux phénomènes contemporains de la mondialisation. Un sujet apparemment marginal, l’idée de la restitution généralisée (restitutio omnium) à travers la langue, devient un point de départ pour la reconstruction de notre passé transculturel.